Equilibre ou vertige musical ?
Equilibre ou vertige musical ?
« On a raté l’intro, la syncope n’était pas en place. »
« Je me suis cassé la figure au milieu du morceau. »
« Le soliste s’est pris les pieds dans le tapis. »
« Il était perdu, on a joué la coda sans lui. »
« Sans sa faiblesse rythmique, ce serait un excellent musicien. »
Voici des expressions communes chez les musiciens.
Elles traduisent toutes une faiblesse ou une errance rythmique.
On ne connaît pas de grand musicien qui ne soit un grand rythmicien. Cependant, pour le commun des mortels, le plaisir de jouer de la musique est notamment, de pouvoir la partager tranquillement, sans stress rythmique, … Le but n’est pas de devenir une star !
Il est reconnu par tous que la conquête de l’instrument passera par une dose d’abnégation, en tout cas par une pratique régulière, et idéalement, journalière.
Mais on ne parle jamais du travail rythmique… Celui-ci devrait se faire tout seul, comme par enchantement, au fur et à mesure du développement instrumental ? Pour certains, c’est le cas. Mais pour beaucoup, s’installent durablement des lacunes et des imprécisions, qui seront sources de souffrance et de stress dans la pratique. Ceux qui n’ont pas de « facilités », manquent de cette compétence basique, essentielle pour le partage de la musique avec d’autres musiciens.
Le rythme est une question d’équilibre !
Avoir le sens du rythme, c’est avoir le sens de l’équilibre musical.
On peut comparer un musicien à un équilibriste ou encore à un funambule. Le mince câble tendu sur lequel il évolue représentant le débit musical, le fil du morceau.
Le travail de l’apprenti musicien est, à l’instar du funambule, d’avancer dans la musique qu’il est en train de jouer sans perdre l’équilibre, c’est à dire sans perdre la pulsation, et d’en comprendre les différentes divisions.
Le musicien qui maîtrise bien le rythme possède une pulsation solide, quoi qu’il se passe. Un peu comme si quelqu’un vous pousse, mais rien ne bouge, tant votre ancrage dans le sol est solide. De plus, ce musicien entend le millefeuille que constituent les strates des différentes divisions assujetties à la pulsation. Il peut alors passer de l’une à l’autre sans que cette dernière en soit déstabilisée.
Pulsation = Axe musical.
Une erreur rythmique, c’est un vertige musical, une perte de conscience de l’axe de la musique, qui engendre un ressenti corporel par lequel on se sent seul et perdu. Les autres musiciens semblent jouer « à l’envers », ou même des choses incompréhensibles. Ce malaise peut aller jusqu’à la perte du centre de gravité : On tombe musicalement, c’est l’équivalent d’une chute.
La fausse note peut être perturbante, l’erreur rythmique est souvent fatale.
Progresser rythmiquement
La solution à ces problèmes et à ces errances rythmiques est, comme à l’instrument, un travail régulier, corporel, avec un mouvement clair, qui permettra de construire son propre métronome intérieur, et donc d’avoir une pulsation stable, sur laquelle on pourra développer les différentes divisions du temps. Cet outil pourra être transposé au travail avec l’instrument chaque fois que ce sera possible et nécessaire.
A quoi se référer de plus sûr qu’à cette aptitude universelle chez les bipèdes qu’est la marche, pour conscientiser la régularité de la pulsation ? Pouvoir la ralentir, l’accélérer à notre guise, avec une grande souplesse, et en faire cet appui solide qui nous permet de jouer avec tranquillité, pour soi, et pour le partage avec les autres.
Pour développer et faire confiance à une pulsation solide, il faut s’appuyer sur la pose de notre plante de pied au sol, gérer le déplacement de l’axe et du poids du corps, organiser la coordination avec les bras…
Des choses que nous faisons naturellement depuis notre plus tendre enfance, grâce à notre 6e sens : la proprioception.
La méthode O Passo permet, de plus, grâce un mouvement organisé, de pouvoir accéder à la clarté de la métrique, et nous donne donc accès à la maitrise des cycles.
