L’intelligence est la chose la mieux partagée au monde

« Pour reconnaître que l’on n’est pas intelligent, il faudrait l’être. »

(Denys Viollet)

Quelle que soit la quantité qu’on en ait, chacun trouve qu’il a été largement servi . . . puisque c’est avec ça qu’il juge ! »

« Ceux qui ne pensent pas comme nous sont des cons » (G.BRASSENS)

Le bon Georges rejoint ainsi Coluche, qui expliquait que « l’intelligence est la chose la mieux partagée au monde : quelle que soit la quantité qu’on en ait, chacun trouve qu’il a été largement servi . . . puisque c’est avec ça qu’il juge ! »

Qui n’a pas souffert de ces penseurs de toutes catégories, qui déversent leurs certitudes, leurs avis et leurs convictions avec une telle ferveur dans l’autosatisfaction, que ceux qui auraient la faiblesse de penser autrement sentent le mépris siffler sur leurs têtes. Au-delà du bon mot, de l’humour et de l’élégance, cet apophtegme est surtout une charge féroce contre les fâcheux qui, tellement sûrs de leurs opinions, les seules possibles, les assènent avec force et délectation à ceux qui les écoutent, comme des évidences éclairées, dont seuls des rustres pourraient douter.

Mais ce point de vue philosophique s’érige aussi, pour moi, comme une sorte d’évidence dans le domaine pédagogique :

En effet, et particulièrement dans l’enseignement musical, ce paradoxe peut s’énoncer dans beaucoup de domaines :

– Pour comprendre que l’on chante faux, il faudrait avoir de l’oreille.

– Pour sentir que l’on a des problèmes de rythme, il faudrait avoir un solide sens du

rythme.

– Pour comprendre qu’on a un son pourri, il faudrait avoir le goût du beau son.

– Pour ne pas faire de contresens musicaux, il faudrait une bonne compréhension de la musique.

Bien sûr, il existe des domaines qui échappent à cette règle : pas besoin d’être très malin pour constater qu’on ne sait pas nager, ou faire du vélo. Mais en musique, on pourrait le croire : pas de connaissance, pas de problèmes !

Mais alors, comment le raffinement vient-il aux élèves ?

Xavier GAGNEPAIN raconte volontiers le cas typique de cet élève, appelons-le Pierre : Pierre jouait le violoncelle avec un certain talent, mais avec une qualité de son assez désastreuse. Le professeur avait beau s’échiner à essayer de le lui faire comprendre, à lui montrer, à le convaincre de mille façons différentes, rien n’y faisait. Pierre semblait ne pas saisir. A chaque début de cours, Xavier lui demandait comment évoluait son travail, et pierre répondait d’un « ça va » consensuel et mou.

Un jour, Pierre entra en cours l’air contrarié, et à la question rituelle, il répondit :« J’ai unproblème de son ! ».

A cette minute, raconte Xavier, j’ai su que c’était gagné.

Denys Viollet

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