La concentration dans la pratique musicale

Comment développer sa concentration dans la pratique instrumentale

De par mon expérience dans les écoles maternelle en tant qu’intervenante musicale, j’entends souvent les institutrices se plaindre de la baisse du niveau de concentration des enfants, surement due à l’apogée de l’utilisation des écrans et du manque d’expériences manuelles et corporelles, sans parler des liens inter-sociaux et psychoaffectifs avec l’environnement humain.

Mais travaillant également avec les adultes, je peux constater que ce manque de concentration ne peut être uniquement attribué aux enfants. Je ne compte plus le nombre d’adultes très peu connectés à leurs sensations corporelles dans l’exécution des exercices de rythme par exemple . Cela est un phénomène globale. Et cela m’amène à vous parler aujourd’hui de la concentration.

A cet effet je vais m’appuyer sur les travaux de Jean Philippe Lachaux , chercheur en neuroscience qui a réalisé en 2016 une vidéo intitulée « Le cerveau funambule ».

Qu’est ce que la concentration ?

Selon lui, elle consisterait à privilégier de manière continue une certaine perception (la vue ou l’écoute par exemple) afin d’adapter une manière d’agir (mouvements corporels) sans oublier notre intention (ce que l’on cherche à faire). Il donne pour exemple une balle que l’on voudrait maintenir en équilibre sur une planche et que l’on tiendrait entre les deux mains. Vous visualisez ? La Perception serait de maintenir la vue sur la balle sans se laisser distraire par un évènement extérieur afin d’adapter le Mouvement de nos mains qui tiennent la planche dans l’Intention de ne pas faire tomber la balle. Ainsi il s’en dégage trois initiale P pour perception M pour manière d’agir et I pour intention : PIM (mémo technique : Pouce, Index, Majeur).

Afin de développer notre concentration on pourrait s’appuyer sur ce PIM.

Nous pouvons établir le lien avec la méthode O Passo et la pratique du rythme :

Prenons l’exercice où je dois marcher en carré avec mes pieds de façon alternée en avançant puis en reculant afin de marquer une mesure à quatre temps.

Une fois que cela est fluide, si j’ai commencé avec mon pied fort, le premier temps se trouve donc lorsque je pose le pied fort en avant. A chaque fois que j’avance ce pied fort, je prononce le Un. Puis tout en maintenant dans la voix le un, je frappe avec les mains les autres temps à chaque nouvelle mesure (nouveau carré) : d’abord le trois sur le pied fort quand il recule puis le deux sur le pied faible quand il avance et le quatre sur le pied faible quand il recule.

Ainsi j’aurais frappé chaque temps tout en parlant le un sur chaque mesure. Cela renforce ma perception de la métrique (nombre de temps par mesure et leur position dans l’espace temps).

Quelle serait le PIM dans cet exercice ?

: Perception corporelle (les pieds forts et faibles que j’avance ou recule), perception auditive (le chiffre que je prononce et ceux que je frappe), perception visuelle ( les chiffres que je dois frapper écrits selon la méthode O Passo).

Déjà on peut remarquer que la méthode Passo propose trois portes d’accès pour la perception (visuelle, kinesthésique et auditive).

: La manière dont j’adapte ma marche de façon régulière avec la pulsation, le “un“ que je prononce avec le pied fort qui avance, les frappes de mains que je réalise au bon moment.

I : L’intention de marcher de façon régulière avec la pulsation tout en prononçant le premier temps et en marquant avec mes frappes de mains les autres temps.

 

Lorsque l’on n’arrive pas à exécuter cet exercice, certains éléments du PIM font défaut. Lesquels ?

La méthode O Passo les rend visible de façon très concrète !

Exemples : la marche qui n’est pas régulière, les chiffres qui ne sont pas à leur place selon les pieds que l’on pose, le premier temps qui est prononcé en retard ou en avance. Tout cela est bien visible.

Certes je n’ai pas choisi l’exercice le plus facile comme exemple, mais il peut s’appliquer à un exercice beaucoup plus simple comme celui de dire tous les temps juste en marchant. Pour les personnes qui ont du mal à percevoir la pulsation on va remarquer un décalage entre la marche et ce qui est prononcé.

Revenons à notre concentration : Réussir à réaliser cet exercice revient à maintenir activement nos perceptions et notreintention avec la bonne manière d’agir ou de réagir.

Selon Jean Philippe Lachaux : « Etre attentif c’est d’abord être connecté.

Dans le cerveau il s’agit d’établir une connexion particulière entre les régions qui perçoivent et les régions qui agissent pour qu’elles réagissent en permanence l’une à l’autre grâce à celles qui gardent notre intention en mémoire. 

Quand certains des trois élément du PIM ne vont pas de soit, il faut les avoir activement à l’esprit pour ne pas les oublier. »

C’est ce que met en lumière la méthode O Passo : Souvent les personnes qui ont des problèmes de rythme oublient d’engager le corps, ou ne se font pas une représentation de ce qu’elle doivent jouer, ou oublient de percevoir la pulsation et le jeux des musiciens avec qui elles jouent.

La bonne nouvelle est qu’avec de la bonne volonté, si l’on sait sur quoi nous devons nous concentrer, nous pouvons devenir de meilleurs rythmiciens. Avec l’habitude, les connexions se font dans le cerveau et nous sommes plus aptes à maintenir notre concentration au bon endroit au bon moment. Tout est une question de pratique et non plus de talent inné.

Vous pouvez désormais vous amusez à déterminer le PIM d’une chose que vous souhaiteriez developper dans votre vie.

Samantha Eyssette

 

 

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