Celso Alvim est un pédagogue remarquable, un excellent musicien et un meneur de groupe exceptionnel.
Directeur et fondateur du groupe professionnel Monobloco qui déplace des foules à chacune de ses sorties, les écoles Monobloco utilisent la méthode O Passo de Rio à Sao paulo.
Voici une réflexion de Celso Alvim sur la pédagogie de la percussion.
Un défi à plusieurs niveaux !
Celso Alvim
L’acte d’apprendre à jouer d’un instrument à percussion est composé de plusieurs défis, qui sont généralement présentés aux élèves en même temps.
Nous lui demandons tout à la fois de comprendre le rythme à jouer, la coordination et la technique impliquées dans cet acte. Souvent, la cause de l’échec dans l’apprentissage d’un certain rythme est cachée, tant à l’enseignant qu’à l’élève, et nous sommes incapables de développer des stratégies efficaces pour la surmonter.
Ce texte est une réflexion sur ce processus et sur l’utilisation de stratégies pour que l’enseignement soit réalisé de manière plus efficace et plus claire pour les deux parties.
Si l’on travaille avec l’image d’une maison, on peut visualiser les fondations (1ère couche), les murs (2ème couche) et le toit (3ème couche).
Le 1er niveau de défis est la compréhension du rythme : connaître les notes à jouer et leurs positions par rapport à la pulsation et au cycle des pulsations.
La 2ème couche, juste au-dessus de la 1ère, est la coordination motrice : quels mouvements corporels de base sont nécessaires pour exécuter ce rythme sur un instrument donné.
La première étape doit être travaillée sans l’instrument. La seconde peut être travaillée sur l’instrument, mais aussi sans celui-ci.
La 3ème couche concerne la technique et les timbres de l’instrument : comment exprimer le rythme sur un instrument donné avec détente et clarté sonore, en parvenant à articuler et accentuer correctement les notes. C’est ainsi que le rythme « balance ».
Nous avons aussi un 4ème défi (qui apparaît dès la 1ère couche et traverse tout le processus) qui est de jouer en groupe : en même temps que je joue de mon instrument j’ai besoin de comprendre les rythmes des autres instruments et l’articulation entre eux.
Examinons de plus près chacun de ces défis :
Comprendre le rythme est la base de tout ce qui vient après. Il est essentiel que l’élève et l’enseignant soient capables de démontrer clairement le rythme correct, sa position par rapport à la pulsation et sa position dans la mesure. Si cette relation n’est pas claire, l’élève ne construira pas les références nécessaires pour faire face à d’autres défis.
Utiliser O Passo et exécuter le rythme avec la voix et les frappes de main est une excellente stratégie pour travailler sur cette scène.
La coordination motrice vient ensuite : une fois le rythme compris, nous devons comprendre quels mouvements corporels de base sont impliqués dans l’exécution de ce rythme sur un instrument donné.
Un exemple clair en est les grooves de base du Samba des Chocalho, Repique, Caixa et Tamborim.
On peut considérer que le rythme est le même mais les mouvements des mains sur chaque instrument sont complètement différents.
Sur la caisse claire, on alterne les frappes de baguette, en commençant par la main forte.
Pour le repique, il y a 3 frappes de la main forte suivies de 1 frappe de la main faible.
Pour le chocalho, il y a des mouvements de va-et-vient avec le poignet.
Au tamborim, toutes les touches se font avec la main forte, mais la main qui tient l’instrument tourne pour certaines frappes.
La coordination motrice peut être travaillée sans instrument, en utilisant O Passo et en exécutant le rythme dans le corps. Utiliser des onomatopées (chanter les sons produits par l’instrument) est une excellente stratégie pour mémoriser le rythme ainsi que la séquence de mouvements.
La 3ème couche de défis concerne la technique et les timbres de l’instrument : Après nous être assurés que l’élève a bien exécuté les étapes précédentes, nous apportons d’autres informations et exigences : la position correcte de l’instrument, comment tenir les baguettes ou les mailloches, comment exécuter les mouvements de manière détendue et comment produire les sons, avec tous les timbres correspondants.
Le travail technique est chronophage et nécessite une conscience corporelle qui se développe lentement, avec des observations et des exercices précis.
Une préoccupation que j’évoque toujours est de construire des exercices techniques avec des fragments musicaux que l’élève reconnaît et relie aux rythmes sur lesquels il a travaillé. Il faut faire attention à ne pas tomber dans des exercices très abstraits qui n’ont aucune signification musicale pour l’élève, notamment débutant.
Enfin, une autre capacité à développer chez l’élève est celle de « jouer ensemble » : Cela signifie être conscient, tout en jouant, des rythmes des autres instruments et de leurs relations.
Cet aspect est la clé pour parvenir à une exécution harmonieuse du groupe. Nous pouvons commencer à développer cette capacité chez les élèves dès le 1er niveau, en leur demandant de jouer et de chanter. Plusieurs activités et matériels sont utiles dans ce processus : les exercices des feuilles d’O Passo (les « montagnes russes ») et les différentes feuilles de jeu et de chant. Il est important de faire comprendre à l’élève que ce défi, plus que simplement « jongler », crée la capacité d’entendre et de comprendre deux rythmes en même temps, un aspect fondamental pour « jouer ensemble ».
Nous avons ici des étapes distinctes, clairement définies et avec des stratégies de travail correspondantes. Lorsque nous avons cette compréhension, nous sommes capables de « localiser » les éventuelles faiblesses de l’élève et de les anticiper.
Un défi à plusieurs niveaux !
Celso Alvim