Le projet « Range ta poubelle », créé en partenariat avec l’association Odette Louise (*) , est né du désir de sensibiliser et d’impliquer les habitants du quartier de Celleneuve à Montpellier à la réduction des déchets.
Qui n’a pas ressenti un certain agacement en voyant un enfant ou un adulte jeter de façon insouciante l’emballage de son paquet de gâteau à même la rue sans se préoccuper de sa destination finale ?
J’ai été plusieurs fois confrontée à ce cas de figure sans oser intervenir par peur de me faire envoyer paître…
Je me suis alors posée la question de la forme du message, comment faire passer l’information de sorte que la personne concernée aie envie d’agir différemment ?
De là est d’abord né un spectacle jeune public « Le monde de Cékikifétou« , mêlant humour et musique sur le thème des macro-déchets (les déchets visibles). Mais après avoir tourné ce spectacle pendant des années, une frustration persistait : je me demandais comment se comportaient les enfants après avoir vu ce spectacle lorsqu’ils retournaient chez leur parents qui ne triaient pas forcément leurs déchets ?
Triste est de constater que depuis 10 ans la situation n’a pas du tout évolué voir s’est empirée. Nous, pays développés, envoyons désormais nos déchets dans les pays sous développés qui croulent sous les détritus.
Je pensais donc qu’il fallait faire passer les enfants à l’action, les impliquer en leur permettant d’agir à leur niveau. Je me suis alors inspirée de ce qui se passe au Brésil dans les favelas où les enfants dépourvus de matériel musical jouent sur des bidons en ferraille ou en plastique.
J’ai imaginé permettre à chacun de fabriquer son propre instrument avec des déchets ménagers provenant de son domicile. Ainsi l’enfant se rendrait compte de l’impact de sa consommation à travers les emballages qu’il produit, apprendrait à identifier ce qui est réutilisable ou pas, puis donnerait de la valeur à son instrument parce qu’issu de sa propre créativité.
J’ai présenté ce projet à l’association Odette Louise (*) qui a tout de suite adhéré et m’a permis de mettre en place ce projet avec l’école primaire Léo Malet à Celleneuve (Montpellier). Je travaille depuis le mois de janvier 2020 avec deux classes de CE1 et CE2. J’ai la chance de travailler avec deux instituteurs qui sont très impliqués dans le projet.
La Maison pour tous Marie Curie est également une belle partenaire, elle a accueilli le spectacle « Le monde de Cékikifétou » qui a pu être joué devant une centaine d’enfants. Jouer le spectacle avant de travailler avec les enfants me permet par la suite d’obtenir leur respect et leur attention. La perspective de se retrouver eux aussi sur scène les motive même s’ils ne peuvent s’empêcher de manifester de la peur. J’essaie de leur communiquer que cette peur est naturelle et qu’elle peut être transformée en énergie de travaille pour être prêt le jour J.
Nous avons fabriqué les instruments avec des pots de peinture, boites de conserve et bouteilles en plastique afin de constituer une batucada. Les enfants ont manifesté beaucoup d’enthousiasme dans la fabrication et semblent accorder une certaine valeur à leurs instruments, ils veulent l’emporter à la maison. C’est gagné !!
Puis vient le temps de l’apprentissage musical pour lequel nous avons un temps limité : 8 séances par classe pour monter un morceau pour le carnaval.
C’est là qu’intervient l’efficacité de la méthode O Passo.
Cette approche permet de :
– jouer tous ensemble : je fais comprendre et ressentir très rapidement aux enfants l’intérêt de jouer sur une pulsation commune en marchant tous ensemble. En plus c’est amusant !!
– s’investir corporellement : je leur fait développer leur conscience corporelle en les faisant marcher en formant un carré avec leurs pas ; les 4 coins représentent les quatre temps de la mesure. En commençant tous en même temps avec le même pied, cela permet d’avoir tous ensemble le premier temps au même endroit de notre corps. Les enfants ont ainsi un repère corporel (dans leur corps) et visuel (en regardant les pas des autres) qu’ils créent ensemble et je ne suis plus obligée, moi la chef d’orchestre, de compter.
– rendre les enfants autonomes : L’enfant est alors capable de se repérer dans la mesure grâce au carré qu’il effectue avec ses pieds. Si jamais il s’est perdu, il suffit qu’il regarde ses pieds et ceux de ses camarade pour reprendre le jeu au bon endroit.
Évidemment certains ont plus de facilité que d’autres et en ce sens la méthode me permet d’appréhender rapidement à qui j’ai à faire au niveau motricité et concentration.
Les enfants ont pour la majorité manifesté de l’enthousiasme, et ils se sont également sentis challengés !!
Certains se découragent pourtant.
C’est alors l’occasion de leur expliquer que la pratique musicale demande de l’entrainement comme la marche quand ils étaient bébés par exemple. Il faut leur donner envie en donnant du sens.
Ce n’est pas toujours facile mais je constate qu’ils sont assez soudés entre eux et s’entraident.
Je sors de ces séances « vidée » physiquement mais remplie au niveau de ma quête de sens dans ma pratique musicale.
De plus je peux m’appuyer sur l’aide des instituteurs qui se sont appropriés la méthode O PASSO et sont désormais en capacité de faire jouer les enfant en rythme, alors même que l’un des deux pensaient n’avoir aucune compétence musicale !
Selon les dires d’un des instituteurs : « c’est un excellent entraînement pour ceux qui ont des troubles de l’attention, il y a eu de belles surprises pour certains élèves pour qui il était très dur de se concentrer, la musique les a captés ! »
Aujourd’hui en ces temps de confinement, le projet est à l’arrêt. Je suis en train de travailler sur des tutoriels pour que les enfants puissent continuer le travail chez eux en autonomie. Viendra le temps où nous pourrons nous retrouver et jouer à nouveau tous ensemble…
Si vous avez des questions, des commentaires, des pratiques que vous aimeriez partager, n’hésitez pas à utiliser les commentaires ci-dessous ou à me contacter en utilisant la rubrique « contact » du BLOG
– A Jérôme Viollet pour son aide précieuse.
– A l’école Louis Malet , sa directrice Catherine Serrano et les deux instituteurs M. DEFER et M. Hernandez.
(*) Association Odette Louise : http://www.odette-louise.fr/
Je remercie particulièrement Sarah Freby de l’association Odette Louise et Maryline Coste -Frayard de la Maison pour tous Marie Curie qui ont été très à l’écoute et ont permis à ce beau projet de voir le jour.
la Direction des Services Départementaux de l’Éducation Nationale – Hérault – qui soutient le projet
Bonjour Samantha,
Je trouve cette création belle sur toute la ligne.
Belles valeurs.
Bravo et merci pour nous tous !
Bonne continuation
Olivier
Bravo Sam, encore un bel exemple de l’efficacité de cette méthode mais aussi un grand bravo pour ce projet formidable. J’admire !! Quelle superbe idée tu as eu là !!
Bonjour Samantha,
Un superbe projet. J’espère de tout coeur que la fin de l’épidémie arrivera à temps pour vous permettre à tous de jouer sur scène et si les spectateurs ne peuvent pas y assister (ou même si certains peuvent), un extrait enregistré ou filmé serait sympa.
une idée qui me vient : si le déconfinement ne permet pas à tous les élèves de rejoindre leurs classes simultanément, peut être leur faire faire même un tout petit morceau de spectacle par petits groupes (en leur fournissant le même tempo) en les filmant (même de dos pour éviter les pbs de droit à l’image si le floutage est trop compliqué) et faire ensuite un montage comme ont fait de nombreux orchestres virtuels pendant le confinement, ce serait aussi un moyen de reconstituer le groupe classe malgré l’impossibilité d’être tous en classe au même moment.
Amicalement.
Pascale
Bonjour Samantha,
j’essaie d’expérimenter la méthode O’passo en autodidacte auprès de classes de primaire, en attendant de me former. Je suis convaincue de l’impact de ce travail sur leurs compétences dans les apprentissages fondamentaux.
Pourriez-vous me donner des pistes de chant que je puisse utiliser en association avec la structure des pas à 4 temps.
Merci par avance, Aude.
Je suis prof de conservatoire et intervenante en milieu scolaire pour faire du soundpainting (et plus…! )
Bonjour Aude
Tout dépend de l’âge de votre public.
Il suffit de prendre une chanson où les paroles tombent sur les temps pour commencer. Une chanson du répertoire populaire que tout le monde à chanté dans son enfance par exemple.