Dis-moi ce que tu écoutes, je te dirai ce que tu soignes.

Un article parut récemment dans télérama, par Sophie jeanneteau, que je vous livre en 3 parties :

Au-delà du simple plaisir de l’écoute, la musique a un impact sur son auditeur. (C’est en tout cas ce que suggèrent trois récentes études scientifiques).

Par Sophie Jeanneteau

Publié le 09 décembre 2023 à 15h05

La musique est omniprésente. Elle rythme nos journées, anime nos soirées et accompagne nos émotions. Elle peut permettre d’en savoir plus sur ses auditeurs mais peut aussi agir sur eux, psychologiquement ou physiquement. Il existe une myriade d’études sur la musique, le domaine semble être un terreau fertile pour la recherche. Trois d’entre elles, publiées entre octobre et novembre, explorent les différentes façons dont la musique s’immisce dans notre quotidien, y laissant une empreinte qui va bien au-delà du simple plaisir auditif. Son influence sur l’auditeur est ici approchée à travers le prisme de la science, d’un point de vue moral, social et physique. Aussi intéressants qu’ils soient, il est toutefois nécessaire de considérer ces travaux avec précaution et recul. La méthodologie utilisée, le contexte ainsi que l’interprétation des résultats obtenus comportent des limites et peuvent parfois poser question.

Partie 1 / Elle influe sur le sens moral :

D’après une étude menée par le Centre de recherche sur la musique digitale de la Queen Mary University de Londres et l’Institut pour les échanges scientifiques de Turin, nos préférences musicales en disent long sur notre éthique. Les 1 480 participants ont rempli des questionnaires ayant pour but d’évaluer leurs valeurs morales. Les chercheurs ont ensuite extrait les caractéristiques acoustiques et lyriques des chansons des artistes favoris de chaque participant. Ils ont examiné les récits, les valeurs morales, les sentiments et les émotions évoqués dans les paroles des chansons.

Nos recherches ont révélé un lien important entre la musique et la moralité.

(Vjosa Preniqi, auteur de l’étude Centre de recherche sur la musique digitale de la Queen Mary University de Londres.)

Les résultats qu’ils ont obtenus, à l’aide d’algorithmes utilisant l’intelligence artificielle, ont permis de mettre en lumière le fait que le timbre et la hauteur de la voix de l’artiste le plus écouté par la personne permettent d’en savoir plus sur sa capacité à faire preuve de bienveillance et d’équité tandis que les paroles renseignent sur sa vision de la loyauté, de l’autorité et de la pureté. Ainsi, selon l’étude italo-britannique, les personnes qui valorisent le plus la bienveillance et l’équité écouteraient plutôt de la musique douce et celles qui portent le plus d’importance à la loyauté, l’autorité et la pureté préféreraient les chansons conventionnelles et rythmées aux chansons plus rebelles, avec des sonorités déformées.

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« Nos résultats révèlent que la musique n’est pas seulement une source de divertissement ou de plaisir esthétique ; c’est aussi un médium puissant qui reflète et façonne nos sensibilités morales. […] Nos recherches ont révélé un lien important entre la musique et la moralité, ouvrant la voie à une compréhension plus profonde des dimensions psychologiques de nos expériences musicales », a déclaré l’auteur principal de l’étude, Vjosa Preniqi. Ce type de découverte pourrait se montrer utile dans des domaines très différents comme la thérapie par la musique ou les campagnes de publicité ciblée.

2 / Elle influe sur la concentration : Rester focus malgré les distractions auditives :

Connaissez-vous l’effet cocktail party ? C’est une notion psychoacoustique (étude des rapports entre les perceptions auditives de l’être humain et les sons qui parviennent à ses oreilles) qui désigne la capacité à diriger son attention pour suivre un discours ou une conversation dans un environnement bruyant, comme lors d’une fête par exemple, tout en restant conscient des autres signaux sonores. Deux chercheurs américains ont étudié le rôle de la musique de fond dans notre capacité à comprendre la parole dans des ambiances bruyantes.

Pour ce faire, ils ont fait écouter à 31 participants un livre audio (ce qui se rapproche le plus de l’écoute d’un discours) avec en fond sonore de la musique qui leur est familière ou de la musique qu’ils ne connaissent pas. Ils devaient à chaque fois se concentrer sur certains mots-clés, dans le texte de la musique ou du livre audio. Leur capacité de concentration auditive a été mesurée à travers leurs signaux neuronaux, qui montrent que le temps de latence augmente en cas de musique et que la musique familière est encore plus distrayante. Aussi, selon les chercheurs, les personnes les plus mélomanes ont plus de facilités à faire abstraction de la musique et arriveraient donc plus aisément à entretenir une conversation lors d’une fête que les autres.

3 / Elle influe comme antidouleur :

Enfin, écouter de la musique peut aussi avoir un effet sur le corps. Qui n’a jamais eu les poils qui se hérissent ou les larmes aux yeux en écoutant une chanson particulièrement touchante ? Comme le dit l’adage, la musique adoucit les mœurs. Elle atténue également la sensation de douleur. C’est ce qu’ont prouvé des chercheurs canadiens dans une étude sur son effet analgésique, publiée dans la revue Frontiers in Pain Research. Depuis longtemps, la musique est utilisée pour soulager la douleur et l’anxiété, mais cette étude précise quel type de musique serait le plus efficace. L’écoute de nos musiques préférées combattrait aussi bien la douleur que certains médicaments, avec une efficacité encore plus grande quand il s’agit de musique émouvante.

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Pendant l’expérience, les chercheurs ont utilisé une sonde chauffante, dont la sensation s’apparente à une tasse de café chaud en contact avec la peau. Ils l’ont appliquée sur le bras des 63 participants pendant qu’ils écoutaient leur musique préférée, une musique relaxante sélectionnée pour eux ou le silence. Les experts ont remarqué que les participants ressentaient moins de douleur en écoutant leurs chansons préférées que de la musique relaxante inconnue. Aussi les chansons tristes permettaient d’éprouver encore moins de douleur que les chansons joyeuses. « Nous pouvons estimer que la musique préférée [d’une personne] réduit la douleur d’environ un point sur une échelle qui en comporte dix, ce qui est au moins aussi fort qu’un analgésique en vente libre comme l’ibuprofène […]. La musique émouvante pourrait avoir un effet encore plus important », déclare Darius Valevicius, premier auteur de l’étude, qui admet néanmoins que des travaux supplémentaires seront nécessaires.

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